Trois nuits à l'Hôtel de Brett, à Auckland
Lorsqu’on voyage avec un budget serré, on peut facilement tomber sur des hôtels minables. Pour peu qu’on ne soit pas trop regardant sur le confort, l’expérience que l’on peut vivre dans certains établissements n’a pas de prix. Le De Brett, c'est un grand oui !
C’est à l’hôtel De Brett que j’ai passé mes derniers jours à Auckland, le mois dernier. L’hôtel De Brett est un vieil immeuble, à la façade totalement délabrée (sur certaines photos, il paraît peut-être propre et joli, mais ce n’est qu’une illusion, un attrape-touristes ! La véritable façade, c’est celle que vous ne voyez pas, dans l’obscurité…). L’intérieur est sombre, pour ne pas dire glauque, et le patron est le type le plus antipathique d’Auckland, sans aucun doute.
Pour aller à De Brett, il faut avoir des tripes, je peux vous l’assurer ! (et une poignée de dollars pour payer la chambre). Quand je m’y suis rendu pour prendre une chambre, mon ami Armand m’a accompagné, juste par curiosité (le mythe De Brett nous intriguait depuis bien longtemps). Il m’a avoué que jamais, ô grand jamais il ne passerait une nuit dans un endroit pareil !
J’en ai passées trois. Là-bas, on n’a pas le droit de voir les chambres avant de s’installer. Mais bon, à 10$ la nuit, on ne peut pas faire les difficiles. Ma chambre contenait quatre lits, des lits superposés. Des lits, c’est tout, des lits minuscules et durs comme du fer. Pas de table, pas de chaise, pas d’armoire, une fenêtre à la vitre brisée et une odeur pestilentielle en provenance de la salle de bain (un évier, une douche à l’ancienne, de l’eau froide, de la pisse sur les murs).
L’après-midi, en montant dans la chambre, je me suis perdu (l’hôtel De Brett regorge d’escaliers, de portes coupe-feu et d’obscures salles entièrement vides). Dans une cage d’escalier reculée, j’ai vu un type complètement défoncé, qui reprenait « Fake Plastic Trees » de Radiohead avec sa guitare.
La première nuit, je me suis senti malade – cela a été un véritable calvaire. Je me suis réveillé à 5 heures du mat’ ; je n’avais quasiment pas dormi car à De Brett, les volets sont fracassés, et donc on a droit à une agression lumineuse dès les premiers rayons de soleil !
Ce jour-là, c’était affreux, je me sentais tellement mal que je n’ai pas pu bouger de l’hôtel De Brett. Le second matin, au réveil, j’ai aperçu une blonde sublime qui sortait de la douche. Elle était toute nue. Etais-je en plein délire ? Non, elle était vraiment nue. J’aurais aimé lui parler, mais je n’ai pas osé.
Sur le lit d’en face dormait l’employé qui était censé faire le ménage. Ce jour-là non plus, je n’ai pas pu dormir bien longtemps ; un Asiatique aux aurores a débarqué ; il s’installait pour une longue période apparemment. Il a monté ses affaires pendant dix minutes, affaires qui consistaient en 23 sacs en plastique et deux gros cartons. J’ai essayé de lui parler mais il ne comprenait pas un mot de mon accent. Le troisième matin, j’ai encore aperçu la blonde qui sortait de la douche. C’était 9h55 ; à 10 heures je devais rendre la chambre.
Le mythique De Brett
Le lit de l’Asiatique

