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Gérer les bières et le vin chez New World

Voilà quelque chose d’assez exceptionnel, et pourtant je n’en ai parlé nulle part – ni dans le blog, ni dans le cahier… Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas parlé de ça. New World est une chaîne de supermarchés en Nouvelle-Zélande, et ils m’avaient convoqué pour un entretien en vue d’un poste dans le nouveau magasin qui allait ouvrir dans la gare de Wellington. Le poste en question, c’était assistant-responsable du rayon « alcool » !

M’imaginer responsable des bières et du vin (les supermarchés néo-zélandais ne vendent pas d’alcool fort) me faisait délirer. Le trip s’est poursuivi quand j’ai découvert les locaux dans lesquels se tiendrait l’entretien : c’était tout simplement au coeur de la brasserie Mac’s, près du port de Wellington !

J’ai vite déchanté lorsque je me suis retrouvé dans le bureau : trois personnes me faisaient face, pas le genre de têtes à avoir fait la bringue sur Courtenay Place la veille, et ils m’ont vite fait perdre tous mes moyens avec leurs questions déstabilisantes qui fusaient tel un feu d’artifice pour la fête nationale.
Bam-bam-bam j’ai trinqué, bafouillant mon anglais comme jamais. Jusqu’à la question fatidique :
« Mais pourquoi avez-vous postulé pour travailler au rayon « alcool » ?
- Ben… parce que… euh… disons que j’aime l’alcool.
- Ah ? Ah bon ? Donc vous venez ici pour boire ?
- Euh… oui… enfin… non… pas du tout… (et là, au milieu des ténèbres, un éclair de lucidité et de mythomanie illumine mon esprit)… En fait, quand je parle d’alcool, je parle de vin. J’aime le vin. Je suis passionné par le vin. Quand j’étais petit, mon grand-père était producteur de vin. Ce n’était pas un grand domaine ; non, juste une petite production, artisanale, au cœur de la Provence. (là, je sens que j’ai capté leur attention. Ils m’écoutent, tous les trois, en silence, rêvassant du Sud de la France j’imagine). Qu’est-ce que j’aimais le suivre dans la cave, où je m’enivrais des effluves de la cuvaison ! J’étais un privilégié, car c’était un endroit sacré. Le vin, dans cette bâtisse, y était produit depuis des générations et des générations… C’était un savoir qui se transmettait de père en fils. Je passais ainsi des heures à suivre le processus de vinification… Il me parlait des différents cépages, des différents terroirs ; je l’écoutais tandis que je pouvais sentir l’intense odeur de ces vins rouges qui vieillissaient dans les fûts de chêne, et je me disais qu’un jour, quand je serais grand, j’aimerais moi aussi parler avec passion de ces vins qui me plairaient et blah blah blah…
- Oh, nous voyons que vous êtes un expert… Notre clientèle serait ravie d’avoir affaire à un œnologue, Français de surcroît. Bon, nous vous contacterons prochainement pour vous faire part de notre décision. Vous pouvez y aller.

Quelques jours plus tard, je recevais un courrier de New World pour m’offrir un contrat ! J’ai refusé l’offre, préférant retrouver ma dulcinée du côté de New Plymouth.