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Inspiration, mode d'emploi

Pour être inspiré, pour me motiver à écrire, j’ai besoin de silence, d’une musique qui m’est familière et que j’aime, j’ai besoin de vin, d’une fenêtre aux rideaux grand ouverts et d’un brin de lumière, j’ai besoin également de chaleur et de mon ordinateur, j’ai besoin d’un bouquin à portée de main – ici là je vois The Bone People de Keri Hulme traîner su mon lit – et je veux des pensées claires, des pensées pures, des pensées naturelles ; je veux des pensées qui mêlent des filles qui me sont chères à des contrées inexplorées, je veux des pensées enracinées dans la cité mais non perverties par la société, je veux des pensées personnelles que nulle autre personne ne me soupçonnerait d’abriter…

Pour écrire, j’ai besoin de soupirer, de fermer les yeux et de voir le monde tel qu’il est, tel que je le ressens, tel qu’il m’a enfanté. J’ai besoin de revivre ces innombrables journées sans fin et ces impénétrables nuits que renferment mes pensées ; j’ai besoin de revoir ces gens que j’ai croisés du regard et ces gens qui m’ont guidés sur la route, ces gens que j’aime et ceux que je déteste, j’ai besoin de penser à ces gens que je ne connais pas et qui souffrent en silence, dans leur coin, et qui n’ont même pas le privilège de pouvoir écrire…

J’ai besoin de m’enivrer de l’essence de la vie, j’ai besoin de hurler à la vie ! A la folie, aux rêves et au désespoir ! et je le perçois, enfin, cet élan si puissant, cet infernal vacarme sous mon crâne, je veux entendre au plus profond de moi la voix déchirante du chanteur de Cold By Winter, je veux que la paisible atmosphère qui règne dans ma chambre vole en éclats, je veux être ivre de vin au point de ne plus rien comprendre, je veux que des bris de verre tombe du ciel et m’ouvrent les veines, je veux qu’une lumière m’éblouisse et me soulage de mes angoisses, je veux que le soleil pénètre mes yeux et me brûle l’esprit, je veux que des incendies ravagent mes rêves, je veux que mes pieds pleins de merde salissent la terre immaculée d’un territoire préservé, je veux que la moiteur de mes mains ait un sens, je veux que mes sens aient un refuge, je veux que mon refuge s’effondre, et je veux courir, courir sans but aucun et courir encore, je veux courir et transpirer jusqu’à la dernière goutte ; je veux que la dernière goutte soit éternelle, je veux courir en ravalant mes pensées comme un gamin qui suffoque en sanglotant, je veux courir comme si c’était l’unique raison de vivre ! Voilà, c’est ça, je veux que mon existence pue la vie ! Et qu’elle s’échappe par tous les pores de ma peau ! Je veux que de mes peurs jaillisse une incommensurable énergie, je veux que de mon corps s’évapore une âme sensible, imparfaite, légère, lisse et fragile, je veux qu’une écriture fluide, froide, limpide et vivifiante emplisse ces quelques lignes !