Pensées durant le vol KL – AKL avec Malaysia
Là, ça va mieux. Mon opinion sur la santé mentale de l’humanité se trouve ragaillardie après que j’eus croisé le chemin de quelques personnes sensationnelles.
Et vous allez réaliser, pour peu que vous soyez né quelques décennies avant la fin du siècle précédent, que ma conception du mot « sensationnel » s’éloigne grandement de son sens originel… Car, dorénavant, les petits gestes bienveillants du quotidien d’autrefois rentrent dans la catégorie de l’extraordinaire à mon sens, tellement ils se font rares.
Je m’explique : tout d’abord, il y a cet Anglais, juste devant moi. Il vient de se retourner, et m’a demandé si ça ne me dérangeait pas qu’il abaisse un peu le dossier de son fauteuil. Je lui ai bien entendu dit « non non, allez-y ! », puis il a ajouté : « merci bien ! Mais surtout, dîtes moi stop dès que ça vous gène ! ». Lui, il a carte blanche pour descendre son siège jusqu’à bon lui semble. En ce qui me concerne, je n’abaisse jamais mon dossier, car je sais que ça dérange la personne derrière. De même, je déteste ceux qui s’allongent sur moi sans se soucier de quoique ce soit. Mais là, j’ai été agréablement surpris.
Ensuite, il y a ce Hollandais, à côté du hublot (j’ai opté pour une place « couloir »). Il rend visite à sa sœur, à Auckland. Il voyage avec son autre sœur, et a 55 ans. Il a passé 18 étés à faire les vendanges en France. Il m’a redonné espoir, car je vois qu’à 55 ans on peut être toujours aussi con qu’à 25. Pendant que sa sœur me parlait, il se foutait de sa gueule, puis il a posé ses pieds sur le dossier du gars de devant. Faut dire qu’il était bourré ; moi aussi. Il a redemandé je – ne – sais combien de fois à être resservi en vin rouge chilien – je bondissais sur l’occasion pour en faire de même avec le vin blanc. En allant pisser, j’ai cru qu’il allait s’amuser à dévisser la porte de secours située à l’arrière de l’appareil, vu la façon dont il la tripotait. Ça m’a bien fait rire. Mais je le répète, on était bourrés.
Et, enfin, il y a Amélia. Une charmante Néo-Zélandaise, moitié écossaise, moitié catalane, dont j’ai fait la connaissance dans le bus qui nous ramenait à l’aéroport de Kuala Lumpur. A la base, je me suis malencontreusement charcuté un doigt juste avant de monter dans le bus – je pissais le sang, même si ce n’était que des petites gouttes – et elle est venue me voir et m’a tendu un pansement. Elle aurait très bien pu ne pas voir la scène, personne d’autre n’a dû remarquer que je saignais d’ailleurs, et elle aurait très bien pu ne jamais venir vers moi, tant sa timidité semblait grande. Voilà une fille profondément humaine, me suis-je dit. On s’est parlés à l’aéroport de Kuala Lumpur, entre autres elle m’a dit qu’elle allait voir avec son père s’il pouvait me trouver un job en tant que traducteur Anglais/Français, et m’a dit qu’elle aimerait nous amener sur le bateau de son père.
Voilà une fille bien, voilà des gens bien, voilà que l’Humanité ne s’est pas définitivement arrêtée aujourd’hui…
PS. Ai dormi deux heures dans la chambre.