Routine
Là, je viens de descendre pour prendre le courrier. C’est pour moi que mon père s’est abonné au « Monde » : en le lisant chaque jour, je devrais réussir mon année sans problème. C’est ainsi que chaque jour, je récupère le « Monde », le déplie et le froisse légèrement, pour laisser une impression de « déjà lu » et faire de la sorte plaisir à mon père, puis le laisse traîner quelque part dans ma chambre. J’ai la flemme de le ranger, de le jeter, de le lire. Parfois, je le lis. Oui, lorsque je culpabilise trop. Ça m’arrive. Et quand je dis « je le lis », comprenez « je le dévore, le décortique ». Je suis comme ça ; avec moi c’est tout ou rien. Je ne fais pas les choses à moitié pourrait-on dire.
Je suis donc descendu. Dans l’ascenseur, il y avait quelqu’un. Je déteste prendre l’ascenseur avec quelqu’un que je ne connais pas. Quelqu’un que je n’aime pas. 30 secondes (le temps pour la vieille cage de se taper les cinq étages) de souffrance, de tensions internes, d’étouffement. En remontant, j’ai croisé Bernard, le concierge de l’immeuble. J’ai dû lui dire « bonjour ». Je n’aime pas ça, dire « bonjour » à quelqu’un que je ne connais pas bien.
Juste avant de partir pour la fac, à 9h40, j’ai eu la bonne nouvelle d’apprendre qu’il n’y avait pas cours ce matin. Quelle bénédiction, ce texto d’Emilie ! De toutes façons, je n’avais pas prévu d’aller en cours : après que ma mère m’ait déposé, je comptais me poser à la B.U. et poursuivre la lecture d’un Bukowski, « Au Sud de Nulle Part ». Mais, après la cuite de la vieille, il m’aurait été bien éprouvant de « tenir » jusqu’à 14h (je n’avais pas l’intention de boycotter aussi le cours de Mr Rumpala). Tous les mardi matins sont durs. Les mercredi matins, n’en parlons pas ! Eh oui, ce soir, c’est « Ladies’ night » au Thor ; je me demande déjà dans quel état je vais être demain matin, à la fac…